Page:Manifeste du Club national démocratique, 1849.djvu/16

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À la féodalité abattue par Louis XI, avait succédé en France la monarchie absolue, qui atteignit sa plus large application sous Louis XIV, décrut avec Louis XV, et tomba sous Louis XVI.

Le drame sanglant de la révolution de 1789, terminé trois ans plus tard par l’établissement de la première république française, ne fut que l’explosion d’une pensée d’émancipation générale que couvait depuis longtemps l’Europe. Aussi cette pensée mûrie dans la nation par des siècles d’une affreuse oppression, préparée avec le sang-froid mortel d’une vengeance préméditée, produisit en éclatant au jour une révolution morale toute-puissante, qui se traduisit bientôt par la consécration malheureuse d’un baptême de sang. — « Cette révolution sanguinaire doit inspirer une profonde horreur, c’est là le crime de toute une nation, » a-t-on vociféré sur tous les tons. Et pourquoi donc, n’ajoute-t-on pas que ce fût là un événement providentiellement nécessaire ?… Froidement et sans préjugés, qu’on nous dise donc la raison du contraire ?… De même que dans la théorie du raisonnement, on établit inébranlablement la bonté d’un principe d’après la justesse et la vérité des conséquences qui en découlent ; de même il semble que dans l’examen philosophique des faits historiques, on peut logiquement conclure la nécessité d’un événement d’après les résultats ultérieurs qu’il produit. Or la révolution de ’89, examinée et jugée à ce point de vue, abstraction faite des désordres sanglants qui l’accompagnèrent, se