Page:Manifeste du Club national démocratique, 1849.djvu/19

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l’application était devenue incompatible avec les progrès successifs de la civilisation politique. — Le second défaut était d’avoir trop restreint le système électif qui était devenu une nécessité impérieuse pour les nations de l’Europe.

Les Bourbons n’accordèrent le droit d’élection qu’à des classes privilégiées, et le droit de vote, qui devrait être le droit de tout homme né membre libre d’une société, fut exclusivement accordé à l’homme qui pouvait dire : « Je suis propriétaire et j’ai de la richesse ! » Honteuse maxime qui secoue jusque dans leurs fondements les lois de la justice et du sens-commun en même temps qu’elle brise les nobles sentimens du bien public, en enlevant toute participation et toute influence dans l’état, à une grande partie de la population qu’il renferme.

La loi électorale contemporaine, telle qu’elle existait en France avant le 24 février 1848, et telle qu’elle existe encore aujourd’hui pour nous, n’est donc qu’une immorale absurdité dans son principe, puisqu’écartant les droits qu’ont par eux-mêmes, tous les hommes nés citoyens d’un état libre, elle fait dépendre les droits de ces mêmes citoyens de la somme de richesses foncières qu’ils possèdent. Cette loi est également fausse et arbitraire, puisque dans son application elle tend à dire que la société ne doit pas s’attendre à trouver dans le pauvre et simple ouvrier, accomplissant courageusement son lourd travail de chaque jour, la même grandeur dans les sentiments, le même patriotisme dans le cœur, que chez l’homme qui a acquis ses droits