Page:Manifeste du Club national démocratique, 1849.djvu/23

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mes circonscrits dans leur étroite sphère d’intérêts individuels ou d’inertie épaisse, qui en conséquence se montrent toujours prêts à prêter l’épaule aux autorités constituées, pour perpétuer un régime dont ils ne comprennent pas la tyrannie, parce que, bourgeois et propriétaires, on les laisse s’engraisser en paix et se promener béatement sous le soleil.

Or, c’est précisément à l’aide de ces masses inertes qui se laissent pétrir et rouler à volonté que les gouvernemens monarchiques parviennent à prolonger leur agonie. Ce ne sont plus que de vieux donjons décrépis et lézardés, mais qui se tiennent encore debout, grâce au long laps de temps qui a durci le ciment introduit entre leurs parties. Mais remarquons bien que nous disons l’agonie, parce qu’un pouvoir qui ne se soutient plus que par l’inertie de la matière humaine, est arrivé à son dernier souffle ; cette matière pouvant en effet devenir clairvoyante, s’apercevra enfin qu’elle se trompe, ou bien si le dégourdissement retarde trop, le peuple qui va vite en progrès, lui passe sur le corps pour atteindre son but. — Qu’on nous permette cette image : il en est de la démocratie, comme de la locomotive courant sur les lisses d’un chemin de fer. En jetant un caillou sur la route, vous pouvez renverser la locomotive ; mais les lisses resteront, et un autre convoi passera bientôt, là où vous accomplissiez naguère votre crime. Ainsi, une fois l’impulsion donnée à la cause populaire, rien ne la brisera.

On peut prévoir que des retards et des obs-