Page:Manuel d’Épictète, trad. Thurot, 1889.djvu.pdf/32

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tion, le sage se mêlera des affaires publiques, s’il n’y a pas d’empêchement absolu : ce sera pour lui une occasion de réprimer le vice et de pousser à la vertu, par conséquent de contribuer au bonheur de ses concitoyens[1]. On conçoit que, sous le régime impérial, un affranchi honnête homme n’ait pas eu ces visées. Épictète répète bien d’après ses maîtres qu’il faut se risquer pour sa patrie (xxxii, 3) ; mais il dit ailleurs[2] : « Tu me demandes si le sage se mêlera des affaires publiques ; mais quel état est plus grand que celui qu’il gouverne ? Il ne parlera pas aux Athéniens de leurs revenus, mais il s’adresse à tous les hommes, Athéniens, Corinthiens, Romains indifféremment, pour leur parler non de leurs revenus, non de paix ni de guerre, mais de bonheur et de malheur, d’esclavage et de liberté. » Le philosophe ne se fâchera pas d’être méprisé, de n’être compté pour rien ; il ne sera pas inutile à sa patrie s’il est un citoyen réservé et sûr ; sa patrie n’y gagnerait rien si, pour la servir, il cessait d’être vertueux (xxiv, 1, 4-5).

Les stoïciens vantaient beaucoup l’amitié où le sage sert le sage, et ils la rangeaient expressément au nombre des biens[3]. Épictète, qui parle,

  1. Diogène, VII, 121. Stobée, II, 184.
  2. Discours III, 22, 83 et suiv,
  3. Stobée, II, 184-186.