Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/47

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tures insignifiantes qui, dès qu’elles pénètrent dans une société, excitent la sympathie perfide des dames en raison de l’indifférence impitoyable, voire de l’aversion qu’elles inspirent aux messieurs. Le triomphe cruel de leurs rivales prend alors le nom d’amitié. Car l’amitié de la femme pour la femme est un chef-d’œuvre d’hypocrisie, d’ironie et de haine raffinée.

Si Dieu lui avait accordé une compagne, Ève eût été la première misogyne.

Quand l’opulente Mme Dubois eût fini de caler ses formes sur un fauteuil, elle dit à la maîtresse du logis :

— Demandez donc à Claire de vous jouer sa polonaise… Si vous l’entendiez… Elle l’enlève avec un brio !…

Mme Dubois était une mère terrible. Sachant que la cadette de ses filles possédait un réel talent de musicienne et un corps dont la plastique rachetait la laideur de la face, elle imposait implacablement l’exécution d’un morceau dès qu’elle avisait un piano, quels que fussent l’heure, l’endroit ou les auditeurs…