Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/55

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d’affaires, de débiter du libertinage de vente facile : la traite des pages blanches ; aux gens d’esprit, d’écrire impunément ce qu’on ne tolérerait pas qu’ils dissent ; aux journalistes d’exprimer leurs opinions, par le livre, avec une liberté que leur interdirait la presse…

— Pourtant, mon père, l’art…

— L’art est un métier comme un autre ; par exemple, c’est le seul métier où l’on se prétende ouvrier avant d’avoir été apprenti ; où l’amateur se mêle chaque jour au vieux routier ; où, sans la moindre vergogne, les travailleurs novices commencent par chercher de l’ouvrage au lieu d’apprendre à manier leurs outils… Je ne veux pas que mon fils soit un raté. Or, mon garçon, tu as beau me parler de ta vocation : jusqu’à présent, ta langue marche plus souvent que ta plume. La place d’un véritable écrivain est à son bureau et non dans la rue… Tu vagabondes un peu trop, Camille, cela ne m’inspire guère confiance… Si tu partais pour Paris, tu gaspillerais ta jeunesse dans toutes les brasseries de lettreux. Va ! contente-toi de devenir, après moi, magister de