Page:Marais - Le Mariage de l adolescent.pdf/110

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podagres à s’attaquer aux plus jeunes personnes.

Malicieux, amusé, triomphant, je comparais l’aisance de mes gestes à sa démarche saccadée, la fraîcheur de ma santé à son teint ictérique, à l’odeur de son haleine douteuse. Puis, je regardais Geneviève : peu à peu, ma tendre adoration faisait place à des sensations plus vives. L’idée qu’un autre homme s’était arrêté à détailler sa beauté me bouleversait malgré moi ; une agitation nouvelle m’échauffait ; pour la première fois, mon imagination m’inspirait le tourment des caresses qui me manquaient. Le désir vicieux qui venait de la frôler avait jeté un ferment trouble dans mon cœur innocent.