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12 février 1888. Elle était de bonne bourgeoisie. Son père, ayant acquit quelque bien dans le commerce, se retira de la vie active et vint se fixer sur la Côte d’Azur. Nice fut la patrie de l’enfant et l’ardeur de ce climat, l’air qu’on y respire, influencèrent profondément sa formation intellectuelle, morale et sentimentale. Elle eut d’abord sous les yeux le spectacle du luxe et des élégances cosmopolites. Elle se mêlait aux gens de lettres, aux artistes de passage. Elle apercevait le monde comme un champ de bataille où se déchaînent les désirs de jouissance sensuelle, les vanités et les intérêts. L’influence d’un tel milieu est un peu desséchante et corruptrice. L’adolescente, livrée sans défense à ses instincts, ignore la réserve et la modestie chrétiennes. Elle pousse en sauvageonne. Sa liberté d’allures, sa hardiesse d’esprit, son extrême indépendance, la vocation précoce qui l’entraîne vers la littérature et l’art font son-