Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/112

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permettra d’attendre. » Le jeune homme accepte : race de vrais Normands pratiques ; ils s’entendent —, un jour, un ami entraîne Julien chez moi ; le petit Dangel y fait connaissance d’un millionnaire fastueux, d’un grand banquier, et d’un ex-Président du Conseil, personnage influent qui lui promet son assistance parce qu’il croit Julien mon ami — ; entre temps, Julien se renseigne, apprend que je n’ai point d’amoureux, côté cœur (Vous comprenez, mademoiselle ?) ; du coup, le jeune homme songe : « Nicole mène à sa guise tous ces hauts personnages ; que je prenne auprès d’elle la place vacante, et j’obtiens mille faveurs précieuses. » Quitter sa fiancée — devenue quantité négligeable — pour faire sa cour d’intrigant à cette somptueuse irrégulière est un jeu d’enfant. Par bonheur, sa tactique se heurte à ma froideur clairvoyante, et le jeune homme piétine sans avancer. Voilà… Où voyez-vous l’amour, mademoiselle Sylvie, dans ces calculs d’arriviste ? Ne soyez plus jalouse de ma beauté, pauvre chère innocente si exquisement jolie vous-même, et sachez que les hommes ne se préoccupent guère de nos yeux, lorsqu’ils cherchent à faire de nos sentiments une opération