Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/13

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payer leur écot. Bernard l’installa, voici cinq ans, dans ce petit hôtel des Champs-Élysées. Au début, quelques Parisiens crurent la reconnaître pour la fille d’un vaudevilliste qui eut son heure de succès : Georges Fripette ; puis, le fameux romancier Jean Claudières se targua d’avoir été son… initiateur. Mais, il y a beau temps que ces potins sont oubliés ! Claudières est mort, et Fripette a disparu, terrant sans doute ses premiers cheveux blancs au fond d’une lointaine province. Que nous importe, d’ailleurs ? Aujourd’hui, Nicole nous apparaît comme une femme charmante chez qui la cuisine est excellente. Ici, on s’amuse beaucoup mieux qu’au restaurant, et ça ne coûte rien : Paul Bernard est le seul commanditaire de la maison.

— Comment se fait-il qu’elle soit plus intelligente, qu’on la sente de plus haute race que la plupart de ses pareilles ?

— Est-ce la seule déclassée qui produise cet effet ? À notre époque — où les femmes refusent de vieillir — une jeune fille qui ne s’est pas mariée ne devient plus une vieille fille : bien souvent, elle reste fille tout court. Supposez une enfant trop libre, élevée au hasard,