Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/158

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que j’éprouve, au fur et à mesure que mon esprit se perd dans les spirales de l’Affaire Colin.

Je songe à voix haute :

— Cependant, Landry s’est vanté à bon escient d’être protégé par Brochard, son ancien condisciple…

Paul hausse les épaules :

— Brochard a changé son fusil d’épaule… Est-ce un fait unique ? N’as-tu jamais vu un politicien passer d’un parti à l’autre ? Lorsqu’une branche commence de pourrir, l’oiseau transporte son nid sur la branche voisine.

Je réfléchis. En un éclair, le nom de Léon Brochard me rappelle tous les incidents de ces deux derniers mois : sa visite chez moi, le soir qu’il fut amené par Landry ; son admiration pour le tableau de Watelet ; et sa déclaration ; puis, mon escapade rue de Solférino, ma légère ivresse, mon demi-consentement aboutissant à l’entière déconvenue de l’ex-Premier, si piteux à voir sous sa petite chemise… Il semblait fort amoureux, Léon Brochard. N’y aurait-il aucun espoir, de ce côté ?…

Paul m’interrompt, d’une exclamation de joie profonde :