Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/161

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dans le camp de Landry Colin, le procès du banquier changerait de face. Ses regards parlants signifient : « C’est chez lui que tu vas, n’est-ce pas ? »

À la fin, répliquant à sa question muette, je murmure :

— Oui !

Paul rougit, baisse la tête. Il proteste faiblement :

— Reste… Reste, Nicole.

Hélas ! En disant cela, il ne peut se retenir de songer que ma tentative est notre seule chance de salut ; que, malgré ses méditations laborieuses, il n’a pas trouvé une idée pratique, agencé un plan propre à être mis à exécution, pour sauver son associé… D’autre part, son amour, sa jalousie, sa dignité, se révoltent à la pensée de me voir lancée dans une louche intrigue.

Paul m’offre un pauvre visage ravagé, tiraillé, torturé d’impressions contraires.

Mon cher Bernard !… Comme je le plains et comme je l’aime, à cette minute !

Heureux, il n’était, pour moi que le protecteur, en somme ; plus délicat, plus respectueux, que ne se manifestent généralement