Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/198

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Tout à coup, j’aperçois l’allée des Poteaux, à ma gauche. Julien… Les Poteaux… Je pense subitement à Sylvie… Elle m’avait dit qu’elle venait ici, tous les matins… J’aurais plaisir à la rencontrer.

Je descends de voiture. J’envoie le cocher m’attendre à la porte Dauphine, et je traverse la chaussée. Le ciel est bleu comme un matin de Provence ; la bande sombre des arbres lointains forme un rideau violet sur lequel se détachent, plus près, les pointes vertes des arbrisseaux. Foulant la terre jaune, des chevaux trottent, la croupe luisante, emportant un cavalier au torse de bois ou une amazone ballottée.

Je serais heureuse que Sylvie fût là. Sa grâce fraîche, son jeune esprit, ses manières douces reposeraient ma pauvre tête surmenée. Je n’entendrais plus parler émission, chantage, interpellation à la Chambre, banqueroute frauduleuse ou rapports d’experts, avec elle !

Je m’engage sous la voûte feuillue de l’allée pleine d’ombres vertes. La route se teinte d’un reflet d’émeraude, allonge son ruban brun olivâtre où, çà et là, se plaque un rond de soleil. Il fait bon. Ça sent l’herbe et les jeunes