Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/207

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celui-ci de lui jouer une comédie odieuse, — dont tu es la cause secrète.

C’est la faiblesse de Sylvie, autant que sa joliesse, qui m’attire : je voudrais l’aider à faire sa vie, — ainsi, dans la rue, lorsque je vois une frêle et gentille apprentie s’exténuer à porter un paquet trop lourd dont le poids écrase sa hanche menue, je suis toujours tentée d’aller soutenir la moitié du fardeau. Je suis forcée d’avouer que ma commisération s’atténue notablement, si la jeune passante est laide. Nous regardons plus volontiers les malheurs qui ont de beaux yeux.

Sylvie parle, de sa voie enfantine et confiante :

— Je suis touchée que vous ayez repoussé mon fiancé pour me le ramener, que vous m’ayez prouvé un tel intérêt : avant, je vous considérais comme une rivale — et si dangereuse !… Maintenant, vous devenez une amie — et si bonne ! Cela comble mon vif désir d’une amitié jamais rencontrée, et aussi le penchant qui m’a entraînée vers vous dès le premier jour… J’avais d’abord eu peur du beau salon luxueux, des meubles splendidement anciens qui semblaient avoir habité un musée, un hôtel historique ; peur des fleurs étranges de