Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/212

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son habitude, de l’endroit où Fraülein l’avait laissée.

Un dialogue véhément s’engage entre elles. Je ne comprends pas, mais je devine. L’Allemande doit gronder, dire son inquiétude, demander qui je suis… Soudain, Sylvie ordonne, d’un petit air impérieux :

— Fraülein, on parle français devant les Français, par politesse.

L’autre grommelle, coulant un regard méfiant dans ma direction :

— Fous ne serez pas si vière guand les chosses, je ragonderai à vodre bère…

Sylvie se redresse comme une couleuvre irritée. Elle menace, avec un flegme apparent :

— À merveille, Fraülein… Il faudra d’abord que j’informe papa de l’isolement où vous laissez votre élève, et de votre prédilection sportive pour les garages de la Porte-Maillot, afin qu’il comprenne ces choses que vous lui raconterez…

L’Allemande écarquille les yeux, estomaquée. Je suis aussi décontenancée qu’elle ; ah ! çà, on a métamorphosé ma Sylvie ! Sentant sa gouvernante domptée, Sylvie s’avance vers moi, me tend une main résolue :