Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/231

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car elle est restée anonyme, — jusqu’à présent — pour le public. C’est encore moins Léon Brochard : son intérêt l’engageait à céler cette mauvaise fortune… Alors ? Une indiscrétion de valet de chambre, peut-être… Si les murs ont des oreilles, les trous de serrures ont des regards. Toujours est-il que l’histoire se chuchotait hier au Palais, dans les couloirs de journaux, et qu’on me l’a répétée, à peine étais-je sorti du greffe. La nuit dernière un chansonnier de Montmartre a failli attirer la police dans son établissement en improvisant, sur l’air de la Casquette, sa rosserie d’actualité : La liquette à M’sieu Léon !

— Mais, c’est abominable !… Léon Brochard va me haïr mortellement !

— Eh bien, ma chère Nicole !… Si vous persistez à vous montrer aussi méchante, aussi rétive, avec moi, je déclare à ce pauvre Bernard le nom de la belle inconnue dont la personnalité mystérieuse intrigue fort les bureaux de rédaction, les boîtes de la Butte et la salle des Pas-Perdus.

— Osez-le donc !… Je vous en défie : vous n’êtes pas encore assez vil pour ça.

Dressée face à face, nous nous mesurons du