Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/253

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légère s’approche, fouette mon visage d’un souffle d’air vif, m’éclabousse d’un flot de lingeries fraîches qui sentent la verveine et le sachet d’iris ; j’aperçois deux jambes mignonnes trémoussant leurs longs bas noirs dans la blancheur d’un petit pantalon sans dentelle. Je vais la saisir… La forme s’éloigne, s’élance jusqu’au sommet des pommiers feuillus, semble me fuir, disparue pour toujours…

Et ce jeu de la balançoire, c’est toute mon histoire avec Sylvie.

Un bruit de grelots tintant sur le chemin ; des cris de femmes, de gros rires d’hommes… Une élégante société envahit la ferme, robes claires et gilets blancs. La servante s’empresse. J’entends demander du lait non écrémé, du pain bis, du cidre, du fromage… Tout à coup :

— Nicole !… Tiens ! mais c’est Nicole !

L’un des hommes accourt de mon côté — veston gris, œillet rouge, panama — en faisant des gestes d’accueil et de surprise. Zut ! À mon tour, je l’ai reconnu : Fréminet, le directeur du New-music-hall ; et, derrière lui, voici Maud Sterling, Yvonne, Suzanne ; et le banquier Haffner ; Delaunay le sportsman ; un autre aussi, dont j’ignore le nom. Je reste figée sur