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XII


Je viens de rentrer chez moi. Il est trois heures du matin. J’ai la langue rêche, le palais âcre, d’avoir bu trop de champagne sec. Lucy, tout ensommeillée, me dévêt lentement en regardant d’un air stupide ma robe aux dentelles déchirées et mon corsage froissé où la souillure d’une tache de vin voisine avec la marque violacée qu’y laissa un fruit écrasé.

On dirait que je sors d’une orgie.

Une fois couchée, j’étire mes jambes lasses, mes bras fourbus ; la fraîcheur des draps me ranime. Appuyant les doigts sur mon front brûlant, j’essaie de rassembler mes idées en déroute. Je me rappelle confusément qu’il s’est passé quelque chose, cette nuit… On m’a ré-