Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/324

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M. Bouvreuil se mord les lèvres, honteux de l’étourderie enfantine qu’il vient de commettre. Les esprits les plus politiques ont leurs minutes de distraction. Il m’intime violemment :

— Finissons-en ! Précisez vos racontars.

— Mon Dieu ! C’est très simple… les oisifs fortunés occupent tous leur désœuvrement à l’aide de petites manies. L’un collectionne les timbres-poste ; l’autre, les vieilles tabatières. Moi, je préfère les tableaux de maître. Or, comme je suis une fureteuse, une chercheuse, j’affectionne de préférence les œuvres rares, celles qui ont une légende embusquée derrière leurs panneaux ; celles dont le cadre recèle une anecdote, ou la toile un souvenir d’amour… J’aime les peintures devant lesquelles l’amateur éclairé peut se camper, en disant à son auditoire : « À propos de ce Henner, je vais vous apprendre une chose qui me fut contée… » Donc, je découvris l’autre jour, chez mon ami le peintre Watelet, un tableau qui me parut remplir ces conditions… Dois-je appuyer, monsieur Bouvreuil ?… L’étude en question s’intitule : Vénus couchée. C’est une femme nue qui…