Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/331

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patron. Dès qu’il m’aperçoit, M. Yves s’arrête, médusé. Ses lèvres s’entr’ouvrent, son monocle tombe, ses doigts s’écartent… tout ce qu’il tenait dans les mains s’éparpille sur le tapis.

Je devine qu’il pense : « Eh bien ! Elle est forte celle-là ! » en trouvant chez son directeur une visiteuse aussi imprévue. Le dîner, le souper avec Nadine, les moindres incidents de notre soirée mouvementée, repassent sous ses yeux. Il se dit, stupéfait : « Qu’est-ce que Nicole fabrique ici ! » Et — bien qu’il sache M. Bouvreuil retraité depuis longtemps de la carrière amoureuse, — il esquisse un demi-sourire à l’idée que son patron me conte fleurette, peut-être. Pour quel autre motif une Nicole frivole et fanfreluchée serait-elle accueillie dans ce majestueux cabinet de travail, austère et rébarbatif ?

M. Bouvreuil m’accompagne jusqu’à la porte, et conclut, discret, mystérieux, — vaincu :

— Au revoir, chère madame, comptez sur moi… Je présenterai vos requêtes à qui de droit.

Le directeur de l’Agioteur me salue profondément.

À son tour, M. Yves s’incline devant moi,