Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/35

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Paul m’obéit, sans entrain. Silence.

Tout à coup, il grogne, envoyant une bourrade à son oreiller.

— Certains jours vous réservent un tas d’embêtements ! Figure-toi que ma femme est malade : il faut que je la conduise dans une petite ville d’Allemagne où les médecins, depuis quelque temps, expédient leurs clients sérieux… Le docteur a décidé ce voyage, hier. Je suis contraint d’accompagner Rachel pour une foule de raisons mondaines et stupides… Me voici séparé de toi, obligé de quitter mes affaires… La vie est une chose idiote. Et quand je viens pour t’annoncer mon départ, comptant, comment dirai-je ? sur des adieux tendres, sur…

— Le coup de l’étrier ?

— … Je te trouve fatiguée, somnolente. Tu remontes seulement à quatre heures du matin, exténuée par tes invités. Qui recevais-tu, au fait, hier ? Raconte-moi donc ta soirée.

— Tu sais… Je dors déjà… Mes invités : ils tournent en kaléidoscope devant mes yeux… Il y avait deux nouveaux à dîner… Ma maison me fait l’effet d’un lycée où, chaque jour, arrivent d’autres pensionnaires…

— Bigre ! Heureusement qu’il n’y a pas de