Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/385

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rire joyeux. Après m’avoir embrassée, il se recule, redresse le torse, et me regarde sans parler, avec une expression malicieuse que je ne comprends pas. À la fin, il s’écrie, impatienté :

— Tu ne vois donc pas que j’ai quelque chose de changé ?

— Ma foi… non.

— Remarque bien.

Je détaille toute sa personne avec une bonne volonté qui ne reçoit point sa récompense. Paul est le même, ce me semble : ses cheveux châtains sont partagés par une raie du côté gauche ; il n’a pas coupé sa moustache ; il porte toujours un faux-col amiral… J’ébauche un geste d’ignorance. Paul insiste :

— Voyons !… De quelle couleur est mon veston ?

J’examine attentivement l’étoffe sombre… bleu foncé… Ah ! Je m’exclame, triomphante :

— Tu as quitté le deuil !… C’est ça ? Il était malaisé de m’en apercevoir du premier coup. Les vêtements d’hommes paraissent toujours noirs ; et, à moins que tu n’eusses manifesté le bon goût d’arborer une cravate écarlate…