Aller au contenu

Page:Marais - Pour la bagatelle.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Le doigt du destin ?…

Puis, sa conscience protestait, humiliée : « Voyons, voyons… Ce n’est pas sérieux : se fourvoyer, se déshonorer avec un inconnu ! »

Mais Simone était seule ; aucun auditoire ne l’obligeait à déguiser sa pensée ; et elle reconnut franchement :

— Comme c’est vrai, ce que Guy de Maupassant écrit des femmes : « Combien y en a-t-il qui s’abandonneraient à un rapide désir, un caprice brusque et violent d’une heure, à une fantaisie d’amour, si elles ne craignaient de payer par un scandale irrémédiable un court et léger bonheur ! »

Et Simone se l’avoua, avec un peu de tristesse : si les femmes se jettent si facilement dans les bras du premier venu, c’est qu’elles ont une prescience que l’amour d’élection exige un culte sans récompense : attente de notre jeunesse, renoncement de notre vieillesse… Alors, autant goûter son rêve aux lèvres d’un passant.