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lettres de dubuisson

MÉMOIRES
de
DUFORT DE CHEVERNY[1]




Jean-Nicolas Dufort appartenait à une famille de robe originaire de La Gorse, dans la vicomté de Turenne, établie à Paris à la suite du duc de Bouillon, frère aîné du rival de Condé. Noble, riche, bien apparenté, à quinze ans il se trouva orphelin et à peu près émancipé. À vingt ans, après avoir hésité entre la robe, qu’aurait voulu lui imposer sa famille, et l’épée, vers laquelle l’entraînaient ses goûts, il acheta une charge d’Introducteur des Ambassadeurs, qui le mit en rapports journaliers et intimes avec la famille royale et avec le flot mobile des courtisans. Il resta treize ans à la Cour, de 1751 à 1764 ; puis, craignant que les dépenses considérables exigées par ses fonctions ne compromissent sa fortune, il saisit l’occasion de céder sa charge. Il vendit en même temps son château patrimonial de Saint-Leu, qu’il trouvait trop rapproché de Paris, et il acquit,

  1. Cette étude a été publiée dans la Revue de la Société des Études historiques, 1888.