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Page:Marcel Schwob - Œuvres complètes. Écrits de jeunesse.djvu/112

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dans la Galerie des Arts Libéraux était en céramique, Jonathan et moi, nous avons eu l’idée d’en éprouver la solidité à coup de canne. Nous l’avons crevé, parce qu’il est en toile peinte. Après, nous avons admiré le feu d’artifice du Grand Bassin, jusqu’à ce qu’on nous ait expliqué que c’était un ingénieur placé dans la cave, et qui envoyait de la lumière électrique dans des jets d’eau. Vous auriez, pu croire que les piliers de la Tour et les supports de la Galerie des machines sont des merveilles de fonte, en fer massif. Ils sont simplement creux. Deux ou trois coups de poing vous suffiront pour vous en assurer. La clef de voûte de cette gigantesque galerie vue d’en bas, nous a remplis d’épouvante. C’est une énorme fumisterie. Si vous montez, vous verrez qu’il n’y a que deux crochets.

Dans le Palais Hindou, il y a de la bière de Munich. Les Hindous sont d’un noir magnifique. Presque tous portent la décoration d’officier d’Académie. Si vous demandez du sôma, de l’eau-de-vie, du koumyss, des boissons glacées, et autres curiosités qu’affectionnent les étrangers, on vous met infailliblement dehors. Mais on vous servira avec empressement du thé anglais et du chocolat à l’espagnole. Les Hongrois ont du schlikovitz. Et si vous en buvez, vous êtes immédiatement frappés de l’analogie que possède cette liqueur avec de l’eau-de-vie de marc. En sortant, je me suis égaré dans une série de petites maisons qui représentent l’histoire de l’habitation. J’ai adressé quelques paroles émues, en son langage, à un Noble Homme Rouge de la Forêt qui vendait du nougat sous son wigwam. Il a affecté de ne pas me comprendre. Lorsque je lui ai demandé, en français, s’il était venu du grand pays des lacs, de la patrie