Page:Marcel Schwob - Œuvres complètes. Écrits de jeunesse.djvu/130

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Descente dans une Houillère (10)

Nous étions arrivés jusqu’aux bords embourbés de la mine. Des machines rouillées dressaient dans l’air enfumé leurs ossements de fer ; des wagons abandonnés, couverts de bâches défoncées par de lourdes flaques d’eau, écrasaient de leur poids des rails brisés ; une pluie fine, habituelle aux pays miniers du Nord tombait continuellement et nous glaçait les os. L’ingénieur qui nous accompagnait nous fit approcher du puits, un long boyau noir, vertical, qui semblait s’enfoncer jusqu’au centre de la terre, au fond duquel tremblotait une lumière vacillante. Comme nous étions penchés, haletants, sur le bord, d’où nous entendions des murmures confus qui montaient jusqu’à nous, un choc et un cri nous avertirent que la benne était arrivée. Un panier noir de charbon bouchait maintenant le précipice. Non sans quelque courage nous y entrâmes : il nous