Page:Marcel Schwob - Œuvres complètes. Écrits de jeunesse.djvu/161

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nuages blancs — j’entends les grands obus qui crient quand ils passent ;

La mitraille, comme le murmure et le frisson du vent dans les branches (rapide, tumultueuse, voici que la bataille rage !)

Toutes les scènes aux batteries elles-mêmes se lèvent en détail devant moi encore.

Le fracas et la fumée — l’orgueil des hommes à leurs pièces ;

Le chef canonnier dispose et pointe sa pièce, et choisit une fusée à temps voulu.

Après le feu, je le vois se pencher de côté, et regarder avidement pour noter l’effet.

— Ailleurs, j’entends le cri d’un régiment qui charge — le jeune colonel lui-même, en tête cette fois, avec son épée brandie ;

Je vois les trouées ouvertes par les volées ennemies, rapidement remplies — pas de délai.

Je respire la fumée suffocante — puis les nuages plats planent bas, couvrant tout ;

Maintenant une accalmie étrange s’étend quelques secondes, pas un coup tiré d’aucun côté ;

Puis reprenant, le chaos plus fort que jamais, avec des appels avides et des ordres d’officiers ;

Tandis que d’une partie distante du champ de bataille le vent souffle à nos oreilles des hourrahs joyeux (quelque succès spécial) ;

Et toujours le son du canon, loin ou près, soulevant, même en rêve, une exaltation diabolique, et toute la vieille joie folle, dans les profondeurs de mon âme.

Et toujours le passage empressé de l’infanterie qui change ses positions — les batteries, la cavalerie, se mouvant ci et là ;