Page:Marcel Schwob - Œuvres complètes. Écrits de jeunesse.djvu/237

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Feu ! cria l’officier. — Pas un ne fut manqué.
Un seul d’eux chancela, un seul d’eux au banquet
De la vie aima mieux au fond vider sa coupe ;
Un seul sur son vaisseau, capitaine à la poupe,
Resta. C’était un vieux, moi je le vois encor.
Un grand corbeau tout noir. Il tombe et son grand corps
Appuyé au drapeau avec sa barbe blanche,
Etait comme un des saints. D’un trou noir, à la hanche,
Le ruisseau rouge à flots coulait sur le drapeau.
Personne n’est resté pour ôter son chapeau !

Février 1881.

Hugo

J’ai un portrait d’Hugo, en face sur le mur,
Et quand je le regarde, et quand le vers est dur
À terminer, son œil, et sa barbe si douce
Me donnent bon courage et les mots sous son pouce
S’alignent sans efforts et je relis ses vers
Si doux et si charmants, plus calmes que les mers.
“J’étais seul près des flots par une nuit d’étoiles ;
“Pas un nuage au ciel, sur la mer pas de voiles,
“Mes yeux plongeaient plus loin que le monde réel
“Et les bois et les monts, et toute la nature
“Semblaient interroger dans un confus murmure
“Les flots des mers, les feux du ciel.”

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Mai 1881.