Page:Marcel Schwob - Œuvres complètes. Écrits de jeunesse.djvu/240

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Dans la vie, en dépit des flots et de la lame,
Je resterai, rocher, l’oubli pour rame,
Et tout se perd, même l’amour.

Enfant qui sommeilles

Enfant qui sommeilles
Dans ton berceau,
Si tu te réveilles,
Prends ton cerceau
Et joue, oublie
Tes rêves.
Il ne faut pas vider jusqu’à la lie
Ta coupe : tu l’achèves…

Le Lac des Sylphes

Les sylphes ont un lac aux vagues cristallines
Où les brumes ont couleur d’or,
Où les nénuphars ont des teintes opalines
Sur l’onde qui dort.

Où les fleurs ont d’étranges lueurs irisées
Et des pistils phosphorescents,
Leurs pétales d’argent, leurs corolles frisées
En plis indécents ;

La lune s’y reflète en miroitements jaunes
Ruisselant sur l’ombre des eaux
Et sautant, feux follets, des saules et des aunes
Aux sombres roseaux.

Dans les brouillards laiteux, des formes vaporeuses
Vont glissant et disparaissant,