Page:Marcel Schwob - Œuvres complètes. Écrits de jeunesse.djvu/248

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Quand le feu de mon cœur giclait par chaque pore !
Mais hélas ! j’ai brisé ma boîte de Pandore,
J’ai chassé les Plaisirs de mon sombre manoir
Et j’ai gardé la peine, un vampire au vol noir,
Pâle chauve-souris ou gluante roussette
Frappant son aile veule à mon cœur, son dortoir :
“Rien ne sert de gémir, ouvre-moi ta cassette.”


ENVOI

— Prince, attisez le feu couvant dans l’étouffoir !
Ne dormez pas, la nuit des noces, comme un loir
Et vigoureusement jouez à la poussette.
Il vous faudra forcer la Rime pour l’avoir !
“Rien ne sert de gémir ; ouvre-moi ta cassette.”

Janvier 1888.

Le Deuil de la Biche

Hallali ! Hallali ! La fanfare des cors
Vomit ses hurlements, cuivrés sous la hêtrée ;
Bâillonnés par les poils de la bête empêtrée,
Les chiens mangent leurs cris dans de rauques accords.

Et la meute grouillante étouffe le dix-cors.
Un trou saignant rougit sa fourrure éventrée
Il tourne vers les bois sa prunelle vitrée.
Un long frémissement soulève tout son corps.

Haut bottés, les piqueurs dont l’habit écarlate
Par la verte futaie en gerbe d’or éclate,
Soutiennent le cadavre inerte et fléchissant.