Page:Marcelin - Souvenirs de la Vie Parisienne, 3e édition.djvu/10

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VIII PRÉFACE de monter à cheval, de porter ou parer un coup d’épée, de saluer, de s’aborder et de sourire, de danser, d’être galant, de baiser la joue. ou la main. Il avait ainsi ses entrées familières dans cinq, ou six mondes aussi complets que le nôtre. Involontairement et tous les jours, il y entrait; il s’y promenait à-discrétion, comme un voyageur bien accueilli, comme un spectateur qui n’a pas de frais à faire. Il y était chez lui et à son aise, plus à l’aise que chez nous. Quand un homme a cette faculté, il est tenté d’en user, quelquefois d’en abuser. On peut dire que celui-ci a vécu parmi ses estampes: à la fin, il en avait trois cent mille. Non qu’il fut collectionneur ou amateur des pièces rares; il ne s’est jamais appliqué à compléter des séries, et, avec les belles gravures, il en achetait de médiocres, et même de mauvaises, les sachant telles, caricatures, lithographies de modes, frontispices et vignettes, à une seule condition, c’est qu’elles fussent significatives et suggestives elles devaient toujours illustrer quelque détail des mœurs, lui faire toucher plus à vif les gens d’autrefois, un prince, un courtisan, une grisette ou un soldat. Au ’fond, la même préoccupation le suivait jusque dans son travail positif et dans son