Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/137

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des deux centres, puis de l’intervalle qui les sépare ; car il faut que les deux disques s’engagent plus ou moins sur la ligne diamétrale qui passe par les noeuds. Ces noeuds, que les Grecs appellent G-anabibazontas et G- katabibazontas ekleiptikous sundesmous, sont le nœud ascendant et le nœud descendant, placés l’un et l’autre sur l’écliptique, et y déterminant les éclipses. L’éclipse sera d’autant plus faible que le centre de la lune sera plus éloigné du noeud.

(5) Mais si le nœud et le centre coïncident, le ciel se couvre des plus épaisses ténèbres ; l’air se condense, et l’œil cherche en vain à distinguer les objets, même ceux à portée de la main.

(6) On croit à la présence d’un double soleil quand la nue, par suite d’une élévation plus qu’ordinaire, se trouve de plus près frappée de ses rayons. L’image de l’astre éternel s’y réfléchit alors comme dans le miroir le plus pur.

(7) Passons aux éclipses de lune. Il est bien reconnu qu’elles n’ont lieu que quand le disque de l’astre exactement rond, et entièrement éclairé, se trouve en opposition avec le soleil, dont il est conséquemment éloigné de 180 degrés, qui équivalent à dix signes du zodiaque. Si ces conditions suffisaient, la pleine lune s’éclipserait toujours au milieu de chaque mois synodique (G- sunodos mênês, en grec, exprimant le temps qui s’écoule entre deux nouvelles lunes).

(8) Mais cet astre, trop voisin du globe terrestre, où tout est variable et susceptible d’altération, n’appartient pas proprement à ce beau ciel, où tout est pur. Aussi le voyons-nous tantôt se dérober partiellement à la lumière qui le frappe, faiblement engagé qu’il est dans le cône d’ombre que projette la terre, et tantôt s’envelopper tout entier de tourbillons ténébreux, quand les rayons solaires, interceptés par l’opacité de la masse terrestre, glissent dans l’espace, autour de la circonférence du globe placé au-dessous du nôtre, sans pouvoir en éclairer la surface ; car les opinions, divergentes sur d’autres points, s’accordent à reconnaître que la lune n’a pas de lumière qui lui soit propre.

(9) Voilà pourquoi, quand elle est en conjonction avec le soleil, c’est-à-dire quand elle répond au même point que lui dans un des signes du zodiaque, elle perd son éclat, comme on l’a vu plus haut, ou, pour mieux dire, ne conserve plus de reflet.

(10) La lune est supposée naître quand son axe cesse d’être perpendiculaire au centre du soleil ; mais, en effet, elle ne redevient visible pour l’œil mortel, et seulement par l’extrême bordure de son disque, que lorsque, tout entière dégagée de la circonférence de l’astre, elle est entrée dans le deuxième signe. Elle poursuit sa marche, et, déjà partiellement éclairée, se montre sous la forme d’un croissant ; on l’appelle alors G-ménoeidès (lune cornue). S’éloignant encore, et parvenue au quatrième signe, elle se présente de profil au soleil, qui colore la moitié de sa surface ; les Grecs nomment cette phase G-dichomènis (demi-lune).

(11) Arrivée au cinquième signe, qui marque sa plus grande distance, sa figure, devenue convexe de tous côtés, prend le nom G- amphikurtos. Mais ce n’est que lorsqu’elle est logée dans le septième signe, où elle se trouve en opposition directe avec le soleil, qu’elle brille dans son plein. Encore un pas, sans même sortir de ce dernier signe, la lune va décroître : c’est le commencement de G-apokrousis (déclin). Elle parcourt alors les mêmes phases en sens inverse. Tous les systèmes d’astronomie s’accordent sur ce point, qu’il n’y a jamais d’éclipse de lune que vers le milieu du mois lunaire.