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Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/156

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présida (ce qui était faire acte d’empereur) à la célébration des fêtes quinquennales. Il se montra dans cette cérémonie paré d’un magnifique diadème de pierreries, lui qu’on n’avait vu, dans les premiers jours de son avènement, que le front ceint d’une couronne des plus modestes, et telle qu’elle eût convenu au plus simple xystarque qui ait jamais revêtu la pourpre.

(5) Ce fut alors qu’il fit transporter à Rome les restes de sa femme Hélène, avec ordre de les déposer dans le faubourg de Nomente, où se trouvait déjà la sépulture de Constantine, sœur de cette dernière, et femme de Gallus.

(6) Un secret motif fortifiait encore chez Julien la résolution de prévenir l’attaque de Constance : il était adepte dans l’art de la divination, et tirait d’une suite de songes et de présages la certitude de la fin prochaine de cet empereur.

(7) Or, comme la malveillance n’a pas craint de jeter d’odieuses insinuations sur les pratiques divinatoires de Julien, prince si éclairé, et si curieux de tout ce qui peut étendre le domaine de l’intelligence, il est bon d’exposer en peu de mots comment se concilie avec une raison supérieure ce genre de spéculation, bien moins frivole qu’on ne pense communément.

(8) Il n’y a rien d’impossible à ce que, par un effort de l’étude, l’esprit qui préside aux éléments, principe d’activité de tout ce qui existe, et qui voit l’avenir parce qu’il est éternel, soit mis en rapport avec l’intelligence humaine, et lui fasse part de la faculté de prescience qui lui est propre. Conjurées suivant certaines formes sacramentelles, les essences intermédiaires entre nous et la Divinité peuvent prédire par une bouche mortelle, aussi bien que par l’organe d’une fontaine. Thémis, dit-on, préside à ces oracles ; Thémis, ainsi nommée parce qu’elle révèle au présent les immuables décrets des destins, que les Grecs appellent G-tetheimena. Et c’est comme symbole de ce pouvoir que les anciens théologiens assignent à cette déesse une place au lit et sur le trône de Jupiter, le principe créateur.

(9) Que les augures et les auspices dépendent de la fantaisie des oiseaux, à qui l’avenir est inconnu, cette idée ne saurait entrer dans l’esprit le plus inepte. Mais Dieu, qui a donné aux oiseaux leur vol et leur chant, a voulu qu’à ces attributs de leur être, au battement ou nonchalant ou précipité de l’aile, fût attachée une signification des choses futures. La Providence se plaît à donner de ces avertissements, soit comme récompense, soit purement par effet de sa sollicitude pour les intérêts humains.

(10) Les entrailles des victimes, dans leurs variétés infinies de conformation et d’aspect, sont encore pour l’œil attentif l’annonce de ce qui doit arriver. Cette science a pour inventeur Tagès,qui, suivant la tradition, sortit de terre tout à coup en Étrurie.

(11) Un certain degré d’exaltation rend aussi l’esprit prophétique ; une manifestation divine s’opère alors par le langage humain. Le soleil, en physique, étant l’âme du monde, dont les nôtres ne sont que des étincelles ; quand le foyer souffle sa chaleur dans une certaine mesure à ses émanations, il leur communique la connaissance de l’avenir. De là cette ardeur interne des sibylles, ces torrents de feu dont elles se disent pénétrées. Il y a encore les sons, les visions qui frappent soudainement les yeux et les oreilles, le tonnerre, les éclairs, le sillage des étoiles ; tous accidents qui sont autant de pronostics.

(12) Foi implicite serait due aux songes si l’interprétation n’était souvent en défaut. Les songes,