Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/212

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(18) On en voyait, dit-on, un semblable autrefois près d’Hiérapolis en Phrygie. Tout ce qui en approchait, les eunuques exceptés, y trouvait la mort ; phénomène dont je laisse aux physiciens l’explication.

(19) Près du temple de Jupiter Asbaméen en Cappadoce, et non loin de la ville de Tyane, où naquit le célèbre philosophe Apollonius, on voit une fontaine qui présente une particularité non moins étrange : elle absorbe continuellement le trop plein d’un lac, sans que son eau dépasse jamais le niveau de ses bords.

(20) L’Adiabène aussi était comprise autrefois dans la désignation d’Assyrie. Son nom actuel, qui déjà date de loin, lui vient de ce qu’enfermé entre deux fleuves navigables et profonds, l’Aboras et le Tigre, ce pays n’est pas accessible à gué. "diabainein" en grec signifie en effet traverser ; telle est du moins l’étymologie donnée par de vieux auteurs.

(21) Sur quoi je ferai remarquer qu’il existe dans cette région deux autres rivières, le Diabas et l’Adiabas, que nous avons traversés sur des ponts de bateaux, et qu’il est aussi probable que l’Adiabène en dérive son nom, comme l’Égypte, d’après Homère, l’Inde et l’Euphratensis, autrefois Commagène, doivent les leurs aux grands fleuves qui les arrosent, de même encore que l’Èbre et le célèbre Bétis ont fait nommer l’Ibérie aujourd’hui l’Espagne, et la Bétique.

(22) L’Adiabène compte parmi ses villes Ninus, jadis ville souveraine de toute la Perse, et dont le nom rappelle le monarque puissant époux de Sémiramis ; Ecbatane, Arbèle, et Gaugamèle, où Darius, après des chances diverses, fut définitivement accablé par Alexandre.

(23) L’Assyrie, prise en général, compte de nombreuses cités, parmi lesquelles se distinguent Apamée, surnommée Mésène, Térédon, Apollonie et Vologésie. Mais les trois plus splendides, et les seules historiquement célèbres, sont Babylone, dont Sémiramis construisit les murs de bitume (la citadelle avait été fondée antérieurement par l’antique Bélus), Ctésiphon, dont Vardanès jeta autrefois les fondements, que le roi Pacorus rendit plus peuplée, qu’il environna de hautes murailles, lui donnant un nom grec, et dont il fit une ville modèle. Vient ensuite Séleucie, orgueilleuse création de Séleucus Nicator.

(24) J’ai dit plus haut comment, après la prise de cette ville par les lieutenants du César Vérus, la statue d’Apollon Cômaios, arrachée de son sanctuaire, fut transportée à Rome, et placée par les soins des pontifes dans le temple d’Apollon Palatin. On raconte aussi qu’après cet enlèvement, et au milieu de l’incendie de la ville, des soldats fouillant un temple trouvèrent une étroite ouverture qu’ils élargirent, croyant avoir mis la main sur un trésor, et que de ce réduit, où l’avait su renfermer la science des anciens Chaldéens, sortit l’incurable germe de cette horrible peste qui, sous le règne de Vérus et de Marc Aurèle, porta de la Perse aux rives du Rhin, et de là dans toute la Gaule, la contagion et la mort.

(25) Non loin de là est la Chaldée, berceau de l’antique philosophie, et, s’il faut en croire les habitants, foyer véritable de la science de la divination. Outre les grands fleuves dont nous avons parlé, ce pays est encore arrosé par le Maarsarès, le fleuve Royal, et l’Euphrate, le plus considérable