Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/218

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au Caucase. Elle occupe un versant de la chaîne. Le Dargamane, le plus grand de ses fleuves, prend sa source en Bactriane. Elle a quelques villes, dont les plus connues sont Gazaca, Naulibis et Ortospana. De là en longeant la côte par mer jusqu’au point de la frontière mède le plus rapproché des portes Caspiennes, on parcourt une distance de deux mille deux cents stades.

(71) À cette dernière contrée est contiguë la Drangiane, située au pied des monts. Le fleuve Arabius, ainsi nommé du pays des Arabites, où il prend sa source, arrose son territoire. Les Drangiens vantent avec orgueil l’opulence et le renom de leurs villes Prophthasia et Ariaspé.

(72) L’Arachosie se présente à l’opposite. Elle touche à l’Inde par le levant. Elle est parcourue par un fleuve qui y prend sa source, et qui, bien qu’inférieur de beaucoup à l’Indus, dont cette dernière tient son nom, est assez abondant toutefois pour former le lac Arachotoscrène. L’Arachosie renferme quelques villes intéressantes, telles qu’Alexandrie, Arbaca et Choaspa.

(73) Enfin à l’extrémité méridionale de la Perse on trouve la Gédrosie,également limitrophe de l’Inde, et que le fleuve Arabius, entre autres moins importants, féconde de ses eaux. Là se terminent les monts Arbitans, qui donnent naissance à de nombreux affluents de l’Indus. La Gédrosie a aussi ses cités, sans parler d’îles qui sont de sa dépendance. Ragirava et Gynécon y tiennent le premier rang.

(74) Pour abréger cette digression, je me borne à dire, en dernier lieu, que le littoral de la Perse présente au nord des monts Caspiens, jusqu’aux portes célèbres, un développement de neuf mille stades, et de quatorze mille au midi, des bouches du Nil à la frontière de Carmanie.

(75) Cette multitude de nations diverses offre autant de nuances de mœurs que de divisions de territoire, mais elles ont une physionomie et des habitudes communes qui se résument en peu de mots. Les Perses ont uniformément le corps maigre, le teint basané ou olivâtre, le regard farouche, les sourcils joints et arqués. Leur longue barbe n’est pas sans grâce, mais leurs cheveux sont touffus et hérissés. On les voit toujours l’épée au côté, même à table et aux jours de fête. C’était l’usage également chez les Grecs d’autrefois ; et les Athéniens ont l’honneur d’y avoir renoncé les premiers, d’après l’imposante autorité de Thucydide.

(76) Les Perses se livrent sans mesure au plaisir des sens, et n’ont jamais assez de concubines. Mais leur amour ne s’adresse qu’à l’autre sexe. Chacun épouse autant de femmes que le permet sa fortune, mais, par l’effet de cette pluralité, ne leur porte à toutes qu’une affection médiocre. Les Perses, dans les repas, évitent comme la peste tout ce qui est luxe et délicatesse ; mais sur toute chose les excès de boisson.

(77) Chez eux point d’heure fixe pour dîner, si ce n’est à la table des princes. On n’a de régulateur que l’appétit. Ce qui se trouve sous la main suffit à le satisfaire, et nul ne mange au-delà du besoin.

(78) En pays ennemi, leur réserve sous ce rapport est vraiment incroyable. Ils traversent les vergers, les vignobles, sans toucher un fruit et même sans le convoiter, tant ils redoutent le poison ou les sortilèges.

(79) Rarement un Perse va-t-il