Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/260

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à cet inconvénient, on a composé de l’excédant de six heures multiplié par quatre, nombre des années, un jour additionnel à la dernière.

(11) Les résultats de cette convention, mûrement réfléchie et consacrée par l’adhésion des esprits les plus éclairés, ont été d’établir entre toutes les années une correspondance d’époque parfaite et invariable, et de faire disparaître toute incertitude sur leur retour, ainsi que tout défaut de coïncidence entre les mois et les saisons.

(12) Cette heureuse innovation ne date chez nous que de l’extension que l’empire a prise par la conquête. Aussi le calendrier romain ne fut-il longtemps que chaos et incertitude. Les pontifes avaient le droit exclusif d’intercaler ; et ils exerçaient arbitrairement leur privilège, tantôt dans l’intérêt du fisc, tantôt en vue du gain de tel procès, allongeant ou restreignant à leur gré la durée du temps.

(13) De là une multitude de fraudes, dont l’énumération serait superflue. Octavien Auguste leur retira cette faculté abusive, et réforma l’annuaire romain d’après les errements de la Grèce. On assigna à l’année une composition fixe de douze mois et six heures, période de temps qui correspond à celui que met le soleil, dans sa marche éternelle, à parcourir les douze signes.

(14) Telle est l’origine du bissexte, dont Rome, qui doit vivre dans tous les siècles, a consacré l’usage avec l’aide des dieux. Revenons à notre sujet.

Chapitre II

(1) Sur le soir de ce jour considéré comme peu propice aux transactions importantes, Salutius proposa la mesure, qui fut adoptée avec un empressement unanime, de consigner chez soi pour le lendemain toute personne influente, ou supposée entretenir des pensées ambitieuses.

(2) Enfin la nuit s’écoula, nuit mortelle pour quiconque avait conçu quelque vague espérance, et le jour parut. L’armée entière était rassemblée dans une plaine spacieuse, au milieu de laquelle s’élevait une tribune semblable à celle qu’on voyait jadis aux comices. Valentinien, invité à y monter, fut, comme le plus digne, proclamé chef de l’empire, au milieu d’immenses applaudissements où le charme de la nouveauté pouvait entrer pour quelque chose.

(3) Salué Auguste par ces flatteuses acclamations, il revêt les habits impériaux, ceint son front de la couronne, et se met en devoir de prononcer un discours qu’il tenait tout prêt. Déjà il déployait le bras pour parler, lorsqu’un violent murmure s’élevant de toutes les centuries, manipules et cohortes, réclama impérieusement l’adjonction d’un second empereur.

(4) On crut d’abord que la cabale d’un candidat présent protestait par quelques voix isolées et payées ; mais non. C’était visiblement le cri unanime de la multitude, qu’un malheur récent venait d’avertir de la fragilité des plus hautes fortunes. De bruit sourd l’agitation devenait tumulte, et la témérité du soldat pouvait à tout moment se manifester par des excès.

(5) Valentinien, qui, plus que tout autre, avait à redouter ce commencement d’effervescence, d’un geste digne et assuré réprimande les turbulents, et s’exprime ainsi, sans que nul ose l’interrompre : "

(6) Courageux défenseurs des provinces, c’est et ce sera toujours pour moi un véritable sujet de triomphe, de penser qu’une pareille assemblée