Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/279

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mille hommes à l’ennemi et lui en blessa quatre mille ; tandis qu’il n’y eut de notre côté que deux mille hommes hors de combat, dont deux cents blessés.

(8) La nuit, qui mit fin à l’action, répara nos forces épuisées ; et dès le point du jour le brave général, qui avait déjà formé carrément sa troupe, vit que l’ennemi avait profité des ténèbres pour s’enfuir. En traversant cette vaste plaine tout unie, où nulle surprise n’était à craindre, on foulait aux pieds des monceaux de blessés aux membres déjà roidis, et que la perte de sang et la rigueur du froid avaient bientôt achevés.

(9) Après avoir ainsi marché quelque temps sans rencontrer personne, Jovin revenait sur ses pas, quand il apprit qu’un détachement de lanciers, qu’il avait envoyé par un autre chemin piller les tentes des Alamans, avait pris leur roi, qui n’avait plus qu’une faible escorte, et l’avait mis au gibet. Son juste courroux voulait d’abord sévir contre le tribun qui avait pris sur lui un tel acte d’autorité ; et la condamnation de ce dernier était certaine s’il n’eût prouvé que l’emportement du soldat ne lui avait pas laissé le temps d’intervenir.

(10) Après cette glorieuse expédition, Jovin reprit la route de Paris. L’empereur vint joyeux à sa rencontre, et peu après le désigna consul. La satisfaction de Valentinien était au comble, car il venait de recevoir de Valens l’hommage de la tête de Procope.

(11) D’autres combats moins remarquables se livrèrent encore en diverses parties de la Gaule, mais le peu d’importance des résultats ne mérite pas qu’on s’y arrête. L’histoire ne saurait descendre à des détails de si peu d’intérêt.

Chapitre III

(1) Vers cette époque, ou peu auparavant, la Toscane annonaire fut témoin d’un prodige qui mit en défaut les plus habiles dans la science divinatoire. Un jour, à Pistoia, devant un grand concours d’assistants, un âne monta au tribunal vers la troisième heure du jour, et se mit à braire avec une continuité des plus remarquables, à la grande stupéfaction de tous ceux qui le virent, ou à qui le fait fut rapporté. On s’épuisa d’abord vainement en conjectures sur le sens de ce pronostic, qui ne tarda pas toutefois à s’expliquer par l’événement.

(2) Térence, natif de cette ville et boulanger de profession, ayant accusé de péculat l’ex-préfet Orfite, obtint pour récompense l’administration de la province à titre de correcteur. Il s’y montra aussi insolent que brouillon, et périt, sous la préfecture de Claude, par la main du bourreau, convaincu, dit-on, d’avoir prévariqué dans l’affaire des transports par eau.

(3) Longtemps auparavant, Apronien avait eu pour successeur Symmaque, qu’on peut citer comme un des hommes les plus instruits et les plus modestes. Jamais dans la ville éternelle les subsistances, et la tranquillité par conséquent, ne furent mieux assurées que sous sa préfecture. Symmaque a la gloire d’avoir laissé un pont magnifique autant que solide à ses concitoyens, dont l’ingratitude fut notoire.

(4) En effet, ils brûlèrent, quelques années après, la superbe maison qu’il possédait sur l’autre rive du Tibre ; uniquement parce que je ne sais quel individu, de la plus basse classe du peuple, lui avait, au hasard, et sans autre preuve que son assertion, prêté