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Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/331

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mains coupées ; le reste fut mis à mort. Une sévérité semblable avait jadis été exercée par Curion contre les habitants de Dardanie, ce chef énergique n’ayant trouvé que ce moyen d’en finir avec l’esprit de révolte, qui renaissait chez eux comme les têtes de l’hydre de Lerne.

(23) Des détracteurs de Théodose se sont emparés de cet acte de rigueur Pour le blâmer avec amertume, tout en exprimant leur approbation de l’antécédent. Les Dardaniens, disaient-ils, étaient nos ennemis mortels ; contre eux toute extrémité devenait légitime : mais des soldats qui avaient marché sous nos drapeaux n’eussent pas dû subir un pareil traitement pour une première faute. Je répondrai à ces censeurs (ce qu’ils savent peut-être aussi bien que moi) qu’il s’agissait moins de punir cette cohorte que d’en faire un exemple.

(24) Théodose fit mourir aussi Belles et Férice. Curandius, tribun des archers, eut le même sort pour avoir refusé d’aller au combat, et même d’engager sa troupe à combattre. Le général, en ce moment, se souvenait du mot de Cicéron : "J’aime mieux une rigueur salutaire qu’un vain étalage de douceur."

(25) Théodose, en quittant Sugabar, alla renverser à coups de bélier le domaine dit de Gaionas, qui, par sa ceinture de fortes murailles, formait le plus sûr repaire des Maures. Il nivela ses murs au sol, et passa tout ce qui s’y trouvait au fil de l’épée. De là il gagna le fort de Tingis par le mont Ancorarius, et tomba sur les Mazices rassemblés sur ce point. Ceux-ci nous accueillirent d’une grêle de traits ;

(26) mais, tout belliqueux et robustes qu’ils sont, ils durent céder à la supériorité de notre discipline et de nos armes. Le champ fut bientôt jonché de leurs cadavres ; le reste tourna le dos, et fut encore taillé en pièces dans sa fuite. Un petit nombre cependant parvint à s’échapper, et plus tard obtint l’amnistie que la politique exigeait qu’on lui accordât.

(27) Sugges, leur chef (LACUNE) avait succédé à Romain. Théodose l’envoya placer des garnisons dans les villes de la Mauritanie Sitifienne, afin d’assurer la province contre les chances d’une invasion. Puis, avec une confiance inspirée par ses précédents succès, il se porta contre les Musones, tribu de pillards et d’assassins, que la conscience de leurs crimes avait entraînés dans le parti de Firmus, au moment où l’avenir semblait ouvrir à ce dernier une chance certaine d’agrandissement.

(28) À quelque distance de la ville d’Addense, Théodose fut informé qu’il se formait contre lui une coalition terrible de peuplades différentes d’habitudes et de langage ; tempête que lui suscitaient les instigations et les brillantes promesses de Cyria, sœur de Firmus. Cette princesse disposait d’immenses trésors, et montrait toute l’obstination de son sexe dans ses efforts pour soutenir son frère.

(29) Théodose réfléchit alors sur l’extrême inégalité de ses forces : il n’avait que trois mille cinq cents hommes, et c’était risquer sa perte et celle de cette poignée de soldats que de les commettre avec une telle multitude. Brûlant de combattre et rougissant de céder, il opéra néanmoins avec lenteur un mouvement en arrière, que changea bientôt en pleine retraite l’impétuosité des masses qu’il avait devant lui.

(30) Enflés de cet avantage, les barbares le poursuivirent avec fureur (LACUNE) Il se vit enfin réduit à accepter le combat ; et c’en était fait de lui et des siens, quand tout à coup