Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/718

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cupé de toute autre chose que de combattre, il est battu avant que de s’être mis en défense. Mais s’il est sur ses gardes, de façon à ne donner aucune prise sur lui, il faut combattre ouvertement et à condition égale des gens qui sont en présence, qui vous savent là, qui vous voient. Alors la science militaire ne fournit pas moins de ressources que dans la guerre de ruse et de finesse. Prenez garde surtout que votre gauche, ou même votre droite, ce qui est plus rare, ne soit enveloppée par un corps de troupes supérieur, ou par des pelotons volants : si ce malheur vous arrivait, le moyen de le réparer serait de replier sur elle-même l’aile enveloppée, en sorte que ceux de vos soldats qui auraient fait pour cela l’évolution circulaire présentent le front à l’ennemi, et l’empêchent de prendre leurs compagnons en queue : garnissez de braves gens l’angle qui ferme les ailes, parce que c’est où l’ennemi se portera avec le plus d’ardeur. Le coin se forme d’un certain nombre de gens de pied postés à la tête, et tout près du corps de bataille : ils le débordent de plusieurs rangs ; de sorte que le premier est composé d’un petit nombre d’hommes, et que les suivants s’étendent de plus en plus, à proportion qu’ils sont plus près de leur corps de bataille. On appelle aussi le coin tête de porc, parce que les javelots de tous les soldats du coin peuvent, chacun par une direction différente, se lancer au même but. Mais la tenaille est une défense naturelle contre le coin ; elle est composée d’une troupe d’infanterie choisie, disposée en forme d’un V majuscule, et destinée à recevoir le coin, parce que, l’enfermant des deux côtés, elle en rompt tout l’effort. La scie est une troupe d’infanterie d’élite, rangée en droite ligne en forme d’une vraie scie : on l’oppose à l’ennemi sur le front de la bataille, lorsqu’on veut donner le temps à quelque troupe rompue de se rallier derrière. Les pelotons sont composés d’un certain nombre de soldats séparés de leur troupe ; ils se portent sur l’ennemi sans ordonnance déterminée. Si on vous en oppose, tâchez d’en rompre l’effort par d’autres pelotons plus braves ou plus nombreux. Mais dès que vous en serez venu aux mains, gardez-vous de rien changer à votre ordonnance, ni de transporter une troupe d’un poste à l’autre ; autrement, vous verriez sur-le-champ naître un désordre et une confusion dont l’ennemi profiterait pour vous mettre en déroute.

chapitre xx.
Des différents ordres de bataille, et comment le plus faible en nombre et en forces peut remporter la victoire.

On compte sept ordres de batailles : le premier en carré long, présentant la plus grande face à l’ennemi, est presque le seul qu’on pratique aujourd’hui. Les habiles militaires ne le trouvent cependant pas le meilleur, parce que l’armée occupant dans sa longueur un terrain fort étendu, et sujet par conséquent à des inégalités, s’il s’y forme des plis ou des courbes, elle court le risque d’être aisément enfoncée. D’ailleurs, si l’ennemi vous est assez supérieur en nombre pour vous déborder à quelqu’une de vos ailes, il vous enveloppera, si vous n’avez l’attention de porter en avant quelques troupes de la réserve, qui soutiennent le premier choc. Cet ordre ne con-