Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/731

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lières, pour recueillir les eaux de pluie. Au reste, la soif a rarement fait prendre une place, malgré le peu d’eau qu’il y avait, lorsque les assiégés ne s’en servaient que pour boire.

chapitre xi.
Comment on pourvoit au manque de sel.

Si l’on est assiégé dans une ville maritime, et que le sel vienne à manquer, on conduit l’eau de la mer dans des canaux et des réservoirs plats, où la chaleur du soleil la réduit en sel. Mais si l’ennemi vous empêche d’approcher de l’eau, comme cela arrive souvent, on amasse les sables que la tempête a portés au loin, et on les lave dans de l’eau douce, que l’action du soleil convertit aussi en sel.

chapitre xii.
Comment on repousse un premier assaut.

Quand on attaque des places de vive force, le péril est réciproque : cependant il en coûte plus de sang aux assiégeants dans les assauts meurtriers qu’ils livrent, mais les assiégés ont plus de peur. La hardiesse des assaillants qui menacent d’emporter la place, l’appareil effrayant des troupes en bataille sous les murailles, le bruit des trompettes, les cris des hommes, épouvantent d’autant plus qu’on y est moins accoutumé. Alors, si les assiégés ne sont point faits aux dangers, et qu’ils se laissent étonner au premier assaut, on dresse les échelles, et la ville est prise. Mais si cet assaut est soutenu rigoureusement par des gens aguerris, le courage croît aussitôt aux assiégés ; la peur se dissipe, et l’on n’emploie des deux côtés que l’art et la force.

chapitre xiii.
Machines pour l’attaque des places.

On se sert pour prendre une place : de tortues, de béliers, de faux, de vignes, de mantelets, de muscules, de tours. Je vais montrer la construction de ces machines, avec la manière de s’en servir dans l’attaque et d’y résister dans la défense.

chapitre xiv.
Du bélier, de la faux et de la tortue.

On construit la tortue avec des membrures et des madriers, et on la garantit du feu en la revêtissant de cuirs crus, de couvertures de poil ou de pièces de laine : elle couvre une poutre armée à l’un de ses bouts d’un fer crochu, pour arracher les pierres de la muraille : alors on donne le nom de faux à cette poutre, à cause de la figure de son fer ; ou bien on le garnit de fer à cette tête, et on l’appelle bélier, soit parce qu’elle abat les murailles par la dureté de son front, soit parce qu’elle recule, à la façon des vrais béliers, pour frapper ensuite avec plus force. La tortue a aussi tiré sa dénomination de sa ressemblance avec l’animal de ce nom. Comme tantôt il se retire et tantôt il avance sa tête, de même cette machine fait rentrer et ressortir sa poutre, pour heurter plus violemment.