Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/744

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nemi veut enfoncer le centre, il se trouve enveloppé par la disposition même de vos ailes. Pour la même raison, on doit placer sur les ailes les meilleures troupes, et les plus fortes liburnes de la flotte. Il faut tâcher de tenir le large avec votre flotte, et d’acculer celle de l’ennemi contre les côtes, parce que des vaisseaux qui sont poussés vers les terres perdent l’impétuosité de la manœuvre que demandent les actions navales. Dans ces combats, on tire de grands avantages de trois sortes d’armes, qui sont les poutres ferrées, les faux, et les haches à deux tranchants. Ces poutres ferrées aux deux bouts sont longues et déliées, et pendent au mât en manière de vergue. Quand les navires viennent à s’aborder par la droite ou par la gauche, on met en branle ces espèces de béliers, qui abattent et tuent les matelots et les soldats, et percent souvent les vaisseaux par le côté. La faux est un fer tranchant et courbé, attaché à une longue perche : il coupe tout d’un coup les cordages des vergues et des voiles, et rend le bâtiment paresseux et inutile. La hache à deux tranchants est une hache double, faite d’un fer très-large et très-acéré, qui coupe des deux côtés. C’est avec cette arme que des matelots ou des soldats déterminés vont dans de petits canots, au plus fort de la chaleur du combat, couper secrètement les cordes qui lient le gouvernail des navires des ennemis : d’où s’ensuit la prise du bâtiment, qui est par là mis hors de combat. Quelle défense peut-il faire, après avoir perdu son gouvernail ? Je crois devoir passer sous silence les bâtiments croiseurs, dont on se sert pour les gardes de nuit et de jour sur le Danube : le grand usage qu’on en fait aujourd’hui a porté ces bâtiments à un point de perfection qu’on chercherait inutilement dans les livres des anciens.