Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/794

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secours font prêt à prendre part au combat. (Voy. Tite-Live, XIV, 7 ; Frontin, II, 4, 6 ; César, De bell. Gall., VII, 45). On s’aperçut ordinairement du relâchement de la discipline par la trop grande quantité de bêtes de somme qui suivaient l’année. Les simples soldats, redoutant la fatigue de porter eux-mêmes, avec leurs armes, les vivres et les ustensiles, entretenaient ou des bêtes de somme ou des esclaves, pour les en charger. Métellus, en prenant le commandement des légions qui avaient fait la guerre contre Jugurtha en Afrique (Sallust., Jug. 45), commença par contraindre le simple soldat à porter lui-même de nouveau ses hardes et ses vivres, et défendit d’avoir des chevaux de bât et des esclaves. Il ne permit qu’aux officiers d’en entretenir, mais avec de grandes réserves et en très-petit nombre. Scipion, ayant de même trouvé devant Numance l’armée amollie et perdue de libertinage, fit d’abord vendre à son arrivée tous les chevaux qui avaient appartenu aux simples soldats, pour leur ôter les moyens de se décharger sur eux des fardeaux qu’ils devaient porter eux-mêmes. Marius se distingua par une grande réforme au sujet des-bagages, en introduisant parmi les soldats une manière d’en porter avec plus d’aisance et en plus grande quantité. Il parait que ces longues perches, au bout desquelles on voit attachés de grands paquets et des ustensiles, représentés dans les figures de deux soldats de la colonne de Trajan, ont été de son invention. Et certainement ou ne peut qu’admirer la patience du soldat romain, qui, regardant, comme dit Cicéron, ses armes offensives et défensives comme ses membres, ne refusait pas de se charger encore, outre ses vivres et ses ustensiles, des palissades, d’une hache, d’une scie, d’une corbeille, d’une faux, de chaînes et de cordes (Josèphe, De bell. Jud., III, 5, 5) ; et il est vraisemblable que si Végèce dit qu’on accoutumait les jeunes Soldats à marcher avec un fardeau de soixante livres seulement, il n’a pas eu égard aux légionnaires du temps de l’ancienne milice (I, 19). — Mais comme, malgré tous ces règlements des anciens généraux romains, le nombre des bêtes de somme et des mulets ne pouvait être que fort grand dans les armées, on ne pouvait pas non plus se dispenser de nourrir une quantité considérable de goujats, de valets et de palefreniers, appelés calones, et employés à les soigner. C’étaient pour la plupart des esclaves, que les particuliers aisés achetaient, et qu’ils amenaient à l’armée pour en être servis. Ils en entretenaient aussi quelquefois au delà de ce qu’il était nécessaire ; et ce fut contre cette espèce de luxe que les anciens généraux firent souvent des règlements utiles et fort sévères. Du temps de l’ancienne milice, le nombre en était par conséquent petit, et l’on s’en servait comme de bêtes de somme. Le vieux Caton, qui marchait à pied à la tête des légions, et portait ses armes lui-même, n’était suivi que d’un seul esclave qui portait ses provisions. — Les besoins des armées s’étant multipliés dans les grandes guerres que la république eut à soutenir dans la suite du temps, il fallut bien qu’on souffrit plus d’équipages, plus d’esclaves et plus de chevaux de bât qu’autrefois. César montra pourtant encore qu’il était possible de s’en passer (De bell. Afr., 47), en ne permettant pas d’embarquer des esclaves et des bêtes de somme dans les vaisseaux qui transportèrent ses légions en Afrique. Mais Tacite, en parlant de l’armée de Vitellius, forte de près de soixante mille combattants, dit qu’il y eut pour le moins autant de valets et de vivandiers qui l’accompagnèrent dans sa marche (Hist., II, 87, 2), — On ne peut douter qu’on n’ait astreint de tout temps à une certaine police et à beaucoup d’ordre toute cette troupe d’esclaves et de valets d’armée. Selon Josèphe, qui fait la description de l’armée de Vespasien dans le temps qu’elle fit la guerre en Judée, les valets des légions étaient presque aussi aguerris et disciplinés que les légionnaires mêmes, étant toujours présents à leurs exercices, et partageant avec eux le danger des combats. Il n’y a que leurs maîtres, ajoute-t-il, auxquels ils le cèdent en expérience et en valeur. Mais l’historien juif outra un peu ici les éloges qu’il donne ; car on sait bien qu’ils n’étaient pas armés pour combattre, et qu’ils ne prêtaient pas le serment militaire, et que leur condition d’esclaves les éloignait trop des avantages de la milice et de l’honneur de prendre part au combat. Des vivandiers, nommés lixæ, des marchands et des artisans, suivaient encore les armées, quelquefois en grand nombre et selon le caractère des troupes et des généraux qui les commandaient. C’étaient, au reste, des gens de condition libre, qu’on souffrait et qu’on protégeait même autant qu’on en avait besoin.

Unum est et maximum telum. Stewechius a donné le premier cette leçon, qui parait autorisée par quelques exemples analogues, et qu’il a substituée à celle des premières éditions : unum et maximum consilium. Mais nous lirious plus volontiers, avec Scriverius, una et maxima cautela, ou mieux encore, avec Oudendorp, d’après oa bon manuscrit, unum exstet, et maximum consilium ; car consilium se lit dans presque tous.

Annonariæ species, quas a provincialibus consuetudo deposcit. « Les Romaius payaient deux sortes de contributions en temps de guerre, les unes en argent, les autres en nature : c’est de celles-ci que parle Végèce. Ou commettait communément dans chaque province deux officiers â la levée de ces contributions : l’on voit, dans les constitutions de Valentinien, de Théodose et d’Arcadios, les précautions que prenaient ces empereurs pour qoe les officiers préposés pussent tirer ces contributions en quantité et en temps prescrits, et qu’ils s’acquittassent fidèlement de leur emploi. »

in opportunis ac muniiissimis locis… aggrege » tur. Les Romains serraient et conservaient commouéoeiit le blé destiné pour les troupes dans des souterrains voâtés, que décrit Vitruve (VI, 8).

Prosecutores. Parmi les manuscrits, les ans portes ! persecutores, les autres exsecutores ; et parmi lessivants, les uns tiennent pour cette dernière leçon, les antrès pour celle de notre texte, et ces derniers nous semblent avoir pour eux les meilleures autorités. (Voy. le Code Theodos., I. XII, t. VIII.)

Jfoireorum. II y a ici, dans les manuscrits, des leçons très-diverses : servatorum ; sors eorum ; aureonm ; ortorum. C’est à Cujas qu’on doit la nôtre, adoptée par les meilleurs commentateurs.

Commei’dorum. On lit dans quelques manuscrits, conventionum ; mais notre leçon nous parait préférable. On peut d’ailleurs la prendre aussi dans un sens approchant de celui de cette variante.

CHAPITRE IV.

Prévenir les révoltes par une discipline sévère ; accnntumer le soldat au joug de l’obéissance aveugle par des exercices pénibles et continuels ; lui inspirer l’amovdi devoir et de la gloire par les gênes et la contrainte : Id » sont, en peu de mots, les préceptes renfermés dm «  chapitre. —Végèce, il est vrai, ne considère la sédition que comme une suite de l’oisiveté du soldat ; c’est ce qoi peut adoucir à nos yeux la rigueur de ses préceptes. —Depw » le règne d’Auguste, l’empire romain allait en décadence ; chaque jour il perdait de sa grandeur et de son édit : s’il parut reprendre ses forces sous Trajan, Adrien et Marc-Aurèle, ce fut l’ouvrage de la sagesse et de l’activité deea empereurs, qui continrent les troupes dans l’habitude des exercices, et surent les plier doucement an joug ri à l> béissance. Après les guerres confie les Marcouaans, l « *** mées, trop affaiblies, furent recrutées de gladiateurs et Sri’ claves ; le relâchement s’introduisit qtoredans h diso* pliue : en vain Seplime Sévère entreprit de la fétabbri « *