Page:Marcellin Pellet - Élysée Loustallot et les Révolutions de Paris, 1872.djvu/112

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leur droit de citoyen. Il s’élève contre l’usage barbare du duel. Enfin, au nom de l’humanité et de la justice, il proteste hautement contre la peine de mort.

« La peine de mort est nécessaire, dit-on, pour empêcher le malfaiteur de récidiver ; et garrottez-le, faites-en un esclave de la peine, rendez-le bon à quelque chose. Quoi ! vingt-quatre millions de citoyens n’ont pas une assez grande force publique pour mettre quelques centaines de malfaiteurs hors d’état de récidiver. Comment faisaient les Romains, comment fait l’impératrice de Russie, comment fait Joseph lui-même[1], ce Joseph dont le nom n’est prononcé dans ce moment qu’avec horreur ? il a aboli la peine de mort. Ah ! que de travaux publics qui écrasent, qui avilissent le citoyen, et auxquels on ne devrait employer que les malfaiteurs !

« Leur mort est utile, enfin, pour effrayer les méchants et les contenir dans la terreur. Quiconque a vu une exécution, et est entré dans un bagne, sent bien le vide de cette objection, et toute la justesse de cette idée de Beccaria : "Le frein le plus propre à arrêter les crimes n’est pas tant le spectacle terrible et momentané de la mort d’un scélérat, que le spectacle continuel

  1. Joseph II, empereur d’Autriche, fils de Marie-Thérèse et frère de Marie-Antoinette.