Page:Marcellin Pellet - Élysée Loustallot et les Révolutions de Paris, 1872.djvu/198

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Si l’on compare cette ironie respectueuse aux injures grossières déversées chaque jour sur les patriotes par les rédacteurs des Actes des Apôtres, on se fera une juste idée de l’influence considé rable de Loustallot et des sentiments d’estime que son caractère loyal imposait même à ses ennemis[1].

  1. Dans une brochure publiée en 1791, Suleau donne (en fort mauvais français, contre son habitude) de curieux détails sur une démarche tentée par lui auprès de Loustallot. « Je me souviendrai toujours, dit-il, que le plus virulent des folliculaires, le rédacteur incendiaire du journal les Révolutions de Paris, en un mot feu M. Loustallot, de massacrante mémoire, que je supposais être de bonne foi dans ses diatribes sanguinaires, et qu’en conséquence je présentai à M. le garde des sceaux comme un sujet de quelque mérite, qui n’avait besoin que d’être catéchisé pour devenir orthodoxe, — me dit naïvement en sortant de la chancellerie : « Monsieur Suleau, il n’y a pas de l’eau à boire avec tous ces gens-là ; au fait, si la cour ne vous a assuré mille louis de pension, vous faites un métier de dupe ; alors c’est à moi, à qui vous voulez du bien, d’être votre patron. Venez aux Jacobins, et je vous réponds que vous serez accueilli avec bien de la joie par notre directoire. (Le Réveil de Suleau, page 48.) » C’est à la suite de cette tentative infructueuse d’embauchage que Suleau adressa à son confrère la lettre dont nous avons cité un extrait. L’écrivain royaliste cache mal le dépit que lui cause et le refus de Loustallot, et surtout sa spirituelle proposition de venir aux Jacobins, il n’avait pas oublié cette raillerie en 1791, un an après la mort « du plus virulent des folliculaires. »