Page:Marcellin Pellet - Élysée Loustallot et les Révolutions de Paris, 1872.djvu/295

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journaliste de son époque, le grand vulgarisateur des principes révolutionnaires. Il n’eut pas la verve étincelante qui éclate à chaque page du Vieux Cordelier ni le trait acéré de Fréron, ni les colères de Marat ; mais son journal fut, c’est Camille qui l’avoue, un véritable recueil de droit public ; son argumentation serrée, lumineuse, fut toujours irrésistible. Il sut défendre le bon droit contre ses ennemis, et ce qui est plus difficile, contre ses amis. Il n’hésita jamais à dire au peuple ses vérités, même les plus dures. Il lutta jusqu’à la mort pour la cause républicaine, « avec une gravité passionnée, » dit Michelet. Le peuple le préféra à tous ses rivaux. S’il n’a pas laissé une renommée égale à celle de Camille, c’est qu’il lui manqua le piédestal de l’échafaud. S’il eût vécu, Loustallot y serait monté avec Fabre d’Églantine et Hérault de Séchelles, entre le mari de Lucile et Danton, car le jour où la terreur serait devenue inutile, il eût, lui aussi, réclamé le « comité de clémence. » La destinée, en l’enlevant avant l’heure, épargna un fratricide de plus à Robespierre[1].

  1. En 1793, le Conseil général de Paris donna à la rue des Fossés-Saint Victor le nom de rue Loustallot.