Page:Marcellin Pellet - Élysée Loustallot et les Révolutions de Paris, 1872.djvu/8

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la scène politique qu’il doit singulièrement élargir. Le premier s’imprime à Venise, à ce que rapporte la tradition, et reçoit d’une pièce de menue monnaie (gazzetta) le nom de Gazette. En 1631, le médecin Théophraste Renaudot fonde à Paris la Gazette de France ; en Angleterre et en Hollande, les journaux se multiplient pendant le règne de Louis XIV, créés pour la plupart dans le but de protester contre les envahissements du roi-soleil. En 1672, Donneau de Visé publie le Mercure galant, et Loret, vers la même époque, la Muse historique.

Au XVIIIe siècle, la presse est représentée en France par Fréron, le fondateur de l’Année littéraire, et l’abbé Desfontaines, deux victimes de Voltaire. Mais Fréron et Desfontaines sont plutôt des littérateurs que des publicistes ; ils négligent complétement l’étude des questions politiques pour critiquer ou insulter leurs ennemis personnels dans le monde littéraire.

Il faut arriver à la Révolution pour voir la presse sortir de terre tout armée, telle que nous la comprenons aujourd’hui. L’ébullition de la pensée nationale, dès le jour de la réunion des notables, se manifesta dans un nombre considérable de journaux rédigés par mille écrivains à la plume éloquente ou spirituelle, comme Mirabeau, Gorsas, Camille Desmoulins, Fréron