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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

MADAME B.

Oui ; et l’opération s’est tant répétée, que 20 shellings, ou une livre sterling, au lieu de contenir comme autrefois une livre d’argent, pèsent aujourd’hui quatre onces de ce métal ou un peu moins.

CAROLINE.

Ce n’est là toutefois qu’une dépréciation partielle, qui n’affecte que les monnaies de la Grande-Bretagne. Les autres pays ont-ils adopté une mesure aussi injuste et aussi pernicieuse ?

MADAME B.

C’est un expédient si séduisant, que l’on y a eu recours à peu près partout où l’on fait usage de monnaie. Au temps de Charlemagne, en France la livre pesait une livre ou douze onces. Philippe Ier l’altéra par un tiers d’alliage. Philippe de Valois pratiqua la même fraude sur la monnaie d’or ; et elle a été répétée par les rois qui lui ont succédé, au point que la dépréciation du louis d’or des Français est encore plus grande que celle de notre livre sterling, et que leur livre ne vaut pas plus de dix deniers sterling.

Dès le temps des Romains ce moyen subreptice d’obtenir de la richesse a été connu et pratiqué. L’as romain, qui originairement contenait une livre d’airain, fut dans la suite diminué jusqu’à n’en tenir qu’une demi-once.

CAROLINE.

Mais à présent que partout on est sur ses gardes, les gouvernements, je pense, ne risqueraient pas une telle opération.

MADAME B.

Ce pays-ci a tellement crû en richesse que l’on éprouve moins de difficulté à percevoir les taxes, et la facilité de faire des emprunts a engagé le gouvernement à préférer cette manière d’obtenir de l’argent en temps de guerre et pour tout autre objet considérable de dépense.

On a inventé plus récemment un autre expédient pour augmenter la monnaie courante du pays. Cet expédient consiste à substituer aux métaux précieux un moyen d’échange plus économique