il serait précieux pour nous de payer le blé à raison de quarante schellings le quarteron ! Quelle économie pour vous, dont tous les enfants mangent du pain autant qu’ils veulent !
— Oui, épargnons un sou pour perdre une livre, observa Stubbs d’un air bourru.
— Mais lorsque vous passeriez un nouveau bail, vous feriez vos arrangements pour économiser le sou sans perdre la livre. »
Cette observation d’Hopkins parut plaire à Stubbs ; cependant il se hâta de dire :
« Si le blé devient si bon marché, je n’aurai aucun profit à en cultiver sur de mauvais terrains comme je le fais maintenant.
— Certainement, et vous mettrez en herbe le champ que nous venons d’examiner ; mais vous tirerez toujours de beaux profits de vos champs au sud de la colline.
— C’est aisé à dire, reprit Stubbs avec humeur ; comme s’il ne coûtait rien de mettre en herbe une pièce de terre ? Quand vous avez dépensé du fumier et de la chaux pendant des années, et que sais-je d’autre encore, pour bonifier le terrain et le rendre propre à la culture du blé, tout cela sera perdu ; et vous ne songez pas à tout l’argent que j’y ai mis ?
— Qu’y faire ? si le commerce du blé devenait libre, cet argent serait perdu ; mais si vous continuiez à cultiver du blé sur ce mauvais terrain, ce serait pis encore.
— Voilà précisément pourquoi je ne désire pas que le commerce du blé devienne libre.
— Mais je parle de ce qui arriverait s’il l’était, que vous le désiriez ou non ?
— Si les propriétaires se décidaient à baisser la rente de leurs fermes, je doute fort qu’ils le fissent de manière à dédommager les fermiers.
— Vous seriez toujours maître de ne pas prendre leurs fermes à bail.
— Sans doute ; mais on fait un sacrifice plutôt que de quitter une maison qu’on habite depuis tant d’années ; puis où trouver une autre ferme à de meilleurs termes, si les propriétaires se coalisent contre les fermiers ?
— Eh bien ! les fermiers se coaliseront contre les propriétaires, et ceux-ci, voyant qu’ils ne peuvent louer leurs fermes, se décide-