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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

donne pas de profit, comme celui qui est employé à payer des ouvriers, dont le travail donne un produit que l’on porte au marché.

MADAME B.

Le fermier et le fabricant n’emploieraient pas leur capital de la sorte s’ils ne s’attendaient à en retirer du profit. Si un fermier n’a ni grange ni grenier pour ses grains, il sera forcé de vendre sa récolte immédiatement après la moisson, quoiqu’il eût pu probablement en tirer meilleur parti en attendant un peu. Et de même le fabricant, en multipliant et perfectionnant ses machines, fait plus d’ouvrage et ses profits augmentent en proportion.

Par exemple, quand un fabricant peut établir une machine à vapeurs, et substituer cette force au travail des hommes et des chevaux, il épargne plus de la moitié des bras qu’il employait.

Le capital placé de la sorte s’appelle capital fixe, parce qu’en effet il reste fixé sur la terre, sur les bâtiments, sur les machines et les outils. C’est en gardant ce capital et en s’en servant, que l’on en tire un revenu ; tandis que le capital employé à l’entretien des ouvriers productifs, dont on vend les produits avec un profit immédiat, se nomme capital circulant.

Les produits d’une ferme, et ceux d’une manufacture, ne donnent du profit que lorsqu’ils vont au marché pour être vendus ou échangés. Cette espèce de capital circule donc continuellement. Elle passe d’abord du maître à l’ouvrier, sous forme de gages et de salaire, ou sous celle de matériaux bruts ; de l’ouvrier elle revient au maître sous forme de produit ou d’ouvrage fait, avec un accroissement de valeur ; mais le maître ne réalise ses profits que quand ses produits sont vendus ; les acheteurs les emploient à leur propre usage et sont appelés, par cette raison, consommateurs.

CAROLINE.

Il me semble que j’entends très-bien la différence entre le capital fixe et le capital circulant. Un fermier fait des profits avec ses instruments d’agriculture en s’en servant et les ayant en sa possession ; il en fait avec ses récoltes en s’en défaisant. Mais auquel de ces capitaux faut-il rapporter le fermage du bétail ?

MADAME B.

C’est selon la nature des bestiaux. La valeur des bêtes qui tra-