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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.


CONVERSATION IX.


DES SALAIRES ET DE LA POPULATION, Suite.

Les salaires élevés n’accompagnent pas toujours un grand capital. — Grand capital et salaires bas à la Chine. — Petit capital et salaires élevés aux États-Unis d’Amérique. — Avantages dont jouissent les colonies nouvelles. — La pauvreté est une borne naturelle à la population. — Une grande population n’est avantageuse que quand elle est la suite de l’abondance. — Une richesse croissante est préférable à un capital stationnaire quelconque. — Erreurs commises en donnant des encouragements à la population des villes manufacturières. — Travail à la pièce.
CAROLINE.

J’ai beaucoup réfléchi sur notre dernier entretien, madame B., et je suis arrivée à ce résultat, que plus le capital d’un pays est grand, plus il peut entretenir d’habitants et plus aussi les salaires y doivent être élevés.

MADAME B.

Plus les fonds destinés à la subsistance sont abondants, plus on peut entretenir d’habitants, cela est évident ; mais votre seconde conséquence n’est point rigoureuse. La Chine est un pays très-riche, et cependant les salaires y sont plus bas, je crois, que nulle part ailleurs. Ce que nous disent les voyageurs du triste état des classes inférieures dans ce pays-là est vraiment déplorable. La pauvreté n’y est pas la suite de la paresse ; car les ouvriers y parcourent les rues avec leurs outils, demandant de tous côtés de l’ouvrage.

CAROLINE.

Cela vient de l’immense population de la Chine ; elle est telle, qu’un capital très-considérable ne peut suffire à son entretien.

MADAME B.

Souvenez-vous donc que le taux des salaires ne dépend pas de